Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/188

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reuses conséquences matérielles. Je me résume. M. Laudet veut tenter l’opération suivante, apparemment spirituelle, réellement temporelle, si je puis dire, en un certain sens propre de ce mot temporel. M. Laudet a beaucoup d’abonnements, — (est-ce là de la « diffamation », monsieur Laudet). — M. Laudet a une grosse clientèle bourgeoise. Plutôt libérale, comme on dit, c’est-à-dire généralement plutôt voltairienne, renanienne par les côtés inférieurs de Renan, enfin inchrétienne. Je n’y vois pour ma part aucune sorte d’inconvénient. Il faut qu’il y ait des Revues pour tout le monde et ce n’est certainement pas moi qui dirai le contraire. Il faut que tout le monde gagne sa vie. En travaillant. Il faut que tout le monde vive. Sera-ce diffamer, monsieur Laudet, sera-ce commettre une « diffamation » que d’avancer qu’il faut que M. Laudet vive ; et avec lui et derrière lui qu’il faut que la Revue hebdomadaire vive. M. Laudet voudrait accroître son fonds de commerce. Je ne vois aucun mal à cela. Moi aussi je voudrais bien accroître le mien. J’ai trop le respect du commerce, et de l’industrie, et de l’agriculture, pour trouver à redire à ce que M. Laudet veuille étendre ses affaires. Il voudrait bien doubler sa clientèle. À sa clientèle actuelle, à sa grosse clientèle bourgeoise dite libérale, voltairienne, renanienne par les bas-côtés, — (je n’écris pas par les bas côtés), — combiste enfin et plus ou moins inchrétienne et antichrétienne il voudrait bien s’adjoindre une grosse clientèle bourgeoise chrétienne, — (autant que ces mots peuvent aller ensemble, c’est-à-dire, j’en conviens, très peu ou pas du tout je l’avoue). — C’est ici que l’opération se gâte. Car les positions sont prises de telle sorte, et pour l’éternité,