Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grosses signatures littéraires, il fait travailler à des prix de famine les écrivains inconnus, eussent-ils, comme M. le Grix, du talent. — Mais oui, c’est pour compenser. Et pour cela que Victor Hugo, qui se connaissait en affaires de librairie, et qui a eu souvent à traiter avec lui, — (du côté des grosses signatures, s’entend), — dit encore fort souvent de lui, quand il pense à leurs anciens traités. Il a un assez bon mot, Hugo. Laudet me disait-il tout récemment encore,

Il était généreux,… quoiqu’il fût économe.

§ 275. — Quelques amis de province, qui ne connaissent ni ce Laudet ni ce le Grix m’écrivent : N’y a-t-il pas une grande cruauté à passer ainsi au laminoir deux malheureux que personne ne connaît. — Que nos amis se détrompent. Ces deux malheureux ne sont pas en effet très connus, mais ils sont très puissants. M. Laudet est très puissant. Et puisqu’il endosse aujourd’hui M. le Grix par cet endossement à la date d’aujourd’hui M. le Grix devient très puissant. Il n’est pas dans mes habitudes d’attaquer quelqu’un qui n’est pas puissant. J’ai failli il y a quelques mois, ou quelques années, — (décidément c’est un homme avec qui je n’ai pas la mémoire des dates), — me laisser embrayer dans une polémique avec un publiciste qui était en même temps un de nos abonnés et qui avait failli devenir un de nos collaborateurs. — (Et mon Dieu, la vie est si longue, je ne réponds point qu’il ne le devienne pas un jour). — J’ai des raisons de croire que j’avais raison dans le fond de ce débat. Aussitôt pourtant que j’eus connu que mon adversaire n’était pas une puissance, j’arrêtai net la polémique. Je publiai dans mon prochain