Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moins d’être un étourneau on ne fait pas un communiqué sans savoir pourquoi, sans en avoir des raisons expresses. Un communiqué n’est pas un article. Un communiqué si je puis dire ne doit pas se dépenser inutilement, il ne doit pas se dépenser à la légère. Il est donc certain que ce n’est pas sans les raisons les plus graves que je me suis résolu à faire un communiqué.

Je puis donc avouer que l’article de M. le Grix m’avait porté une atteinte particulièrement profonde. Que M. le Grix ne s’en enorgueillisse point. Ce n’est point une haute valeur propre de cet article qui m’avait porté une atteinte particulièrement profonde, c’est une certaine valeur propre de malice, que M. le Grix ne soit point comblé d’orgueil, c’est aussi et peut-être surtout, c’étaient les conditions propres historiques de laideur et de trahison où cet article avait été fabriqué. Aujourd’hui encore, après tous ces débats, je ne me rends pas bien compte. Je me demande ce qui a pu pousser un jeune homme, à qui je n’ai jamais rien fait, à préparer, à combiner, à composer, à inventer, — à exercer contre moi une trahison aussi gratuite, — (et même plus que gratuite), — (je veux dire ingrate), — historiquement aussi laide, moralement aussi basse. Pareillement pour M. Laudet. C’est un de ces problèmes qui me dépassent, un de ces problèmes où j’ai bien peur que je ne sois incompétent toute ma vie. Pareillement pour ce Laudet, à qui je n’avais jamais rien fait. Je me demande encore d’où vient le coup. J’ai bien l’impression que ce Laudet est un instrument, et ce le Grix un sous-instrument. Maintenant il y a aussi une certaine force de malice dans l’homme, un certain goût