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Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/262

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elle ne fut réellement couverte par les lois de chevalerie. C’est ce qui donna un prix unique à ses Vertus héroïques. Voici ce que je veux dire. Il faut bien voir, il faut mesurer cette héroïque ascension de sainteté, il faut bien mesurer au juste à quel degré de sainteté, à quel degré d’héroïsme elle était parvenue et constamment se tint. Quelles que soient les forces des sources vives, quelles que soient les inventions et les perpétuels rejaillisements et jaillissements, quelles que soient les inépuisables nouveautés de la grâce il y a ensemble indéniablement une certaine technique, une certaine sainte hiérarchie comme professionnelle, une armature et une ossature presque de métier, une certaine sainte hiérarchie processionnelle de la Vertu héroïque et de la sainteté. Il y a des degrés qui sont les degrés mêmes du Trône. Au premier degré Jeanne d’Arc eut dans leur plein les vertus de la guerre, qui ne sont pas petites. Je veux dire très expressément par là et très proprement qu’elle entra dans le jeu de la guerre et dans le risque de guerre à plein, sans aucune restriction, sans aucune intervention, sans aucune intercalation de protection divine propre. Elle obéissait, elle accomplissait une mission divine propre dans un monde humain sans avoir touché une protection divine propre correspondante. Elle avait reçu l’ordre ; elle avait reçu la vocation ; elle avait reçu la mission. Elle obéissait, elle exécutait l’ordre ; elle répondait à la vocation ; elle accomplissait sa mission. Elle procédait à l’exécution, à l’accomplissement de sa mission dans une humanité dure (et tendre), dans un monde, dans une chrétienté dure et tendre, elle-même douce et ferme, forte, douce, quelquefois apparemment dure. Apparem-