Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/264

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tion unique, cette imitation unique par laquelle on peut dire que de toutes les saintes elle fut celle à qui certainement il fut donné que sa vie et sa Passion et sa mort fut imitée au plus près de la vie et de la Passion et de la mort de Jésus.

Je sais bien que je ne pourrai jamais mettre dans les Mystères tant de grandeurs. Je voudrais ici marquer seulement quelques articulations essentielles. Si je pouvais quelque jour écrire une vie de Jeanne d’Arc en cinquante et quelques pages, ou encore, ce qui vaudrait mieux, en deux ou trois cents lignes, j’essaierai de marquer quelques articulations essentielles. J’essaierais de montrer je ne dis pas dans un certain parallèle mais dans une certaine imitation comment elle fut et la plus éminente et la plus fidèle et la plus approchée de toutes les imitations de Jésus-Christ. Je montrerai, — mais qui déjà ne le voit, — comment cette fidélité est fidèle, suit jusque dans le détail.

Douze légions d’anges. Elle ne les demanda pas non plus. Elle ne les demanda jamais. Ce conseil, qu’elle avait, qui était comme la conséquence, comme la suite naturelle de l’ordre, de la vocation, comme la suite naturelle, surnaturelle naturelle, venant des mêmes voix, porté par le même ministère, ce conseil qu’elle eut, qu’elle avait, presque familièrement pour ainsi dire, à son usage comme la prière quotidienne, ce conseil usager comme la prière du matin et du soir elle le (re)demanda souvent. Des secours surnaturels de guerre directs, physiques, une assistance de guerre, des troupes surnaturelles de guerre qu’elle n’avait pas, elle ne les demanda jamais.