Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/265

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On voit même très bien par les textes que l’idée ne lui serait pas venue un seul instant de les demander. Une noble discrétion de sainte, une noble discrétion de Française l’en empêchaient presque également. Autant elle insistait pour le conseil, qu’elle revendiquait on peut presque dire comme un droit, puisque Dieu l’avait envoyée dans cette extraordinaire mission, autant on voit bien qu’elle n’a pas l’idée qu’elle ait à demander un secours directement militaire, un secours militaire proprement, directement physique. Elle savait parfaitement dans quelles conditions de sainteté elle opérait. Et qu’elle avait reçu non seulement l’épreuve la plus dure, la mission plus dure, mais aussi l’épreuve, la mission la plus rigoureusement, la plus exactement humaine.

On ne saurait trop le redire et il faudrait pouvoir le marquer. Appelée par une vocation divine en terre humaine, envoyée en mission divine en terre humaine non seulement elle n’opéra jamais, mais elle ne demanda jamais d’opérer, elle ne pria jamais d’opérer que par des moyens humains. Vivant dans ce miracle perpétuel d’être assistée par des voix propres, de recevoir constamment une assistance propre de conseil de voix qui lui étaient pour ainsi dire particulièrement et proprement attachées, personnellement affectées, elle ne demanda jamais un secours si l’on peut dire surnaturel physique, surnaturel direct, surnaturel directement militaire. Elle ne demanda jamais que les murailles s’écroulassent au son des trompettes. Et pourtant elle savait son histoire sainte. C’est un point que l’on ne saurait trop considérer, qui sera notre point cardinal, avec une histoire de Joinville, quand nous essaierons