§ 87. — « Péguy en arrive à ceci de nous restituer, dit-il, … la Jeanne d’Arc de notre populaire histoire de France, la Jeanne d’Arc de « quand nous étions petits », la surnaturelle Jeanne d’Arc, enfin sainte Jeanne d’Arc.
« Qu’on entende surtout bien que ce n’est pas ici une entreprise historique. Péguy ne raconte pas Jeanne d’Arc. Il ne s’est pas entouré de documents. A-t-il lu seulement les histoires, les pièces du procès ? Je n’en sais rien. Il la représente ; il la ranime, présente au milieu de nous une seconde fois. La légende lui suffit ; il ne la critique pas ; il la regarde avec des yeux clairs de Français, et aussi cette vivante empreinte, ce sillon lumineux que Jeanne d’Arc a tracé et qui se lit encore sur tout le pays de France. »
Laissons de côté cette métaphore imbécile de la fin, ce sillon lumineux qui veut se hausser au grand style. Remettons en forme la proposition centrale. Nous disons que cette proposition centrale est tout ce qu’il y a de plus injurieux pour les principes essentiels de notre foi.
Laissons de côté la mauvaise foi avec laquelle M. Laudet attaque l’œuvre de M. Péguy. Si M. Péguy consent de se détourner quelques semaines d’écrire le deuxième Mystère de Jeanne d’Arc, il pourra peut-être engager avec M. Laudet une conversation intéressante. La proposition centrale de M. Laudet est la suivante :
A. — Il y a l’histoire et il y a la légende.
B. — Restituer :
la Jeanne d’Arc de notre populaire histoire de France ;