Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/279

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cors en l’aventure dou pelerinaige de la croiz, là où je veoie tout cler que ce que seroit au mal et au doumaige de ma gent, j’en courouceroie Dieu, qui mist son cors pour son peuple sauver.

736. Je entendi que tuit cil firent pechié mortel qui li loerent l’alée, pour ce que ou point que il estoit en France, touz li royaumes estoit en bone paiz en li meismes et à touz ses voisins ; ne onques puis que il en parti, li estaz dou royaume ne fist que empirier.

737. Grant pechié firent cil qui li loerent l’alée à la grant flebesce là où ses cors estoit ; car il ne pooit souffrir ne le charier, ne le chevauchier. La flebesce de li estoit si grans, que il souffri que je le portasse dès l’ostel au conte d’Ausserre, là où je pris congié de li, jeusques aus Cordeliers, entre mes bras. Et si, febles comme il estoit, se il fust demourez en France, peust-il encore avoir vescu assez, et fait mout de biens et de bonees œuvres.

Febles comme il estoit il laissa partir son roi et demeura en sa sénéchaussée de Champagne. Qu’importe, ce n’est pas ce que nous lui demandons. Ce que nous lui demandons, ce n’est pas tant cette fidélité-là, la fidélité du féal et la fidélité du fidèle. Il eût mieux valu qu’il l’eût, mais enfin il ne l’avait pas. Ou enfin il ne l’eut pas au delà d’une certaine limite. Ce que nous lui demandons, ce dont on parle, uniquement, c’est la fidélité du chroniqueur, c’est qu’il ait gardé souverainement, uniquement, cette fidélité unique du chroniqueur et du témoin. Cette fidélité unique du portrait.