Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/280

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C’est qu’il nous ait laissé ce portrait unique que nul ne dérobera. Pour cela nous lui passerions tout. D’autres, — (assez d’autres ?) — enfin d’autres étaient là pour accompagner, d’autres accompagnaient le roi dans cette croisade de misère et de martyre. Lui seul, ayant accompagné le roi devant l’enquête d’Église dix, douze et vingt et vingt-cinq ans après sa mort, lui seul ayant accompagné avec d’autres le roi, la mémoire du roi, la cause du roi devant une enquête d’Église lui seul presque sans aucun autre lui seul et son portrait, lui seul et sa chronique, lui seul et son témoignage historique l’accompagnera, que dis-je l’accompagnera, le portera dans tous les siècles temporels jusqu’au jugement. Et c’est pour cela que nous lui pardonnerions tout.

Faible comme il était il laissa partir son roi, lui Joinville qui en 1315, à quatre-vingt-onze ans, quarante-cinq ans après la mort du saint roi écrivait à son troisième successeur Louis X le Hutin, — (et après les horreurs juristes du règne de Philippe le Bel), — une lettre portant promesse qu’il le rejoindrait bientôt avec ses gens, marchant contre les Flamands. À la fin de sa vie ne fu-je mie. Qu’importe. Que nous importe. Il nous a laissé un saint Louis.

Il avait le cœur charnel. Ce est à dire qu’il aimait trop le castel de Joinville. Il aimait trop le château de ses pères. 122… Et endementieres que je aloie à Blehecourt et à Saint-Urbain, je ne voz onques retourner mes yex vers Joinville, pour ce que li cuers ne me attendrisist dou biau chastel que je lessoie et de mes dous enfans. Qu’importe. Que nous importe. Il nous a