Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/295

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Par votre Ascension ;

Par vos saintes joies ;

Par votre gloire.

Eh bien oui, vous avez compris. Tout se fiche par terre. Le ton n’y est plus. Des saintes joies ne sont pas des joies. Tout est désaccordé. Tout est déconcerté. Cette haute architecture montante de l’Ascension n’est plus. Un mot a tout rompu ; placé ainsi. Et un mot qu’il était si facile de ne pas mettre, puisque là il n’y avait rien dans le latin. Mais voilà. Ils vivent dans l’épouvante de leur texte. Ce gaudia surtout leur a fait peur. Pensez donc. Si l’on allait comprendre, si l’on allait croire que les joies de Jésus dans le ciel sont des joies tout tranquillement, hein, des joies purement et simplement, des joies enfin. Alors vite pour étouffer les éclats de cette voix ils fourrent leur épithète de sacristie. Le fond de leur crainte, c’est qu’on prenne au mot la parole de Dieu. Le fond de leur pensée, c’est qu’ils veulent croire que le ciel c’est des offices où ils s’embêteront, je veux dire où on s’embête par vertu, comme ils s’y embêtent déjà, quand ils y vont, pas au ciel, aux offices. Gaudia. Des joies. Qu’est-ce à dire. C’est un mot trop court. C’est un mot suspect. Alors ils affaiblissent, ils attiédissent, ils amollissent. Ils émoussent ces rudes angles.

Les durs angles latins.

Moyennant quoi toute la haute et noble montée de l’ascension, toute cette haute et noble, toute cette ferme architecture du cœur tombe. Et il ne reste hélas que les vieilles élégances fanées des anciennes versions latines.