Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/302

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Je ne me retiens pourtant pas de copier encore cette lettre de Joinville vieux dont je parlais plus haut. Un ami que j’ai l’a copiée pour nous dans la traduction Natalis de Wailly. Il y a tout dans cette lettre :

À son bon seigneur Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, Jean sire de Joinville, son sénéchal de Champagne, salut et son service tout disposé.

Cher sire, il est bien vrai, ainsi que vous l’avez mandé, qu’on disait que vous aviez fait la paix avec les Flamands ; et parce que, sire, nous pensions que c’était vrai, nous n’avions point fait de préparatifs pour aller à votre mandement. Et de ce que, sire, vous m’avez mandé que vous serez à Arras pour vous faire justice des torts que les Flamands vous font, il me semble, sire, que vous faites bien ; et que Dieu vous soit en aide !

Ces flamands qui remuent tout le temps au commencement de ce quatorzième siècle, c’est déjà le commencement de la guerre de Cent Ans, c’est déjà ce qui fera venir Jeanne d’Arc.

Et de ce que vous m’avez mandé que moi et mes gens fussions à Orchies au milieu du mois de Juin, sire, je vous fais savoir que ce ne peut être bonnement ; car vos lettres me vinrent le second dimanche de juin et huit jours se passèrent ainsi avant la réception de vos lettres. Et le plus tôt que je pourrai, mes gens seront disposés pour aller où il vous plaira.