Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/323

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

clairent. Oui, vous avez compris. Vous savez à présent d’où venait cette ébriété. Mais comment vais-je oser appliquer à un homme aussi hautement honorable que M. Langlois le mot qui de lui-même vient au bout de nos plumes. Il faut pourtant se résoudre à le dire. Il résulte des éminents travaux de M. Langlois sur la fondation de la République et sur le dernier tiers du dix-neuvième siècle, (après Jésus-Christ), que le Quatorze juillet est le jour de la Fête Nationale. Par conséquent, comment le dire, le lendemain Quinze, enfin il faut bien le dire, le lendemain quinze est le jour de la gueule de bois nationale. M. Langlois ne m’a pas seulement envoyé sur mon auguste figure un article de gueule de bois, mais cet article n’était point de gueule de bois ordinaire, et comme dit M. Laudet, hebdomadaire. M. Langlois m’a envoyé un article de gueule de bois nationale.

Dix-huit mois de recherches acharnées, dont on ferait une thèse, m’ont permis de reconstituer, jusque dans le plus humble détail, la journée précédente. Je sais, minute par seconde, tout ce que fit M. Langlois dans la journée du 14 juillet 1911 et pourquoi son article du 15 était si excité. Le matin du 14 M. Langlois, dont la fureur patriotique est bien connue, s’était violemment excité à acclamer nos vaillants petits troupiers à la revue de Longchamp. Tout le reste de la journée M. Langlois, dont la jovialité bien connue n’a d’égale que la violence de ses sentiments populaires, M. Langlois a passé toute son après-midi à danser avec des petites bonnes aux coins des carrefours. Et le soir il s’est attardé amicalement chez quelques mastroquets de défense républicaine. Et aussi vrai que je suis mûr