Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/40

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Jésus-Christ, Noël, qui est presque la moitié de la liturgie catholique, Pâques étant l’autre pôle. M. Laudet a une liturgie qui exclut, qui retranche Noël. La liturgie de M. Laudet n’est pas moins extraordinaire que sa théologie.

§ 98. — Ainsi troisièmement, à la limite, et c’était son point d’aboutissement fatal, M. Laudet nie de la vie de Jésus tout ce qui précède son entrée en public. Il exclut, il retranche de la communion des saints et de toutes les réversibilités, des grâces, des mérites, des Vertus, des exercices, du travail, des souffrances, des prières, toute la vie de Jésus jusqu’au commencement de sa trentième année. Jusqu’au moment où il quitta la maison de son père. Dans la théologie de M. Laudet les exemples de Jésus, les modèles de Jésus, exemplaria, ne nous appartiennent pas jusqu’au commencement de sa trentième année. Dans la théologie de M. Laudet les prières qu’il adressait à son père jusqu’au commencement de sa trentième année ne comptent pas, n’entrent pas dans la communion des saints et dans la réversibilité des prières ; ce sont des prières qui tombent, qui sont perdues pour nous. Dans le système, dans la théologie de M. Laudet toute la patience, au travail, et à l’existence même, tout le travail, toute cette vie de travail, d’obéissance et d’humilité que Jésus offrait à son Père jusqu’au commencement de sa trentième année n’entre pas dans la communion des saints, n’est pas une vie de mérites ; c’est une vie qui ne compte pas, qui n’entre pas dans la réversibilité des mérites ; ce sont des travaux, ce sont des obéissances et des humi-