Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/46

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§ 103. — Avant d’y entrer et pour épuiser sommairement l’extension et la considération de l’extension M. Laudet paraît ignorer que des milliers et des milliers, que des centaines de milliers d’ouvriers chrétiens ont vécu les yeux uniquement fixés sur l’atelier de Nazareth, que des chrétiens innombrables ont vécu, sont morts, ont gagné le ciel, ont fait leur salut les yeux uniquement fixés sur l’atelier de Nazareth ; que tout atelier chrétien est une image de l’atelier de Nazareth ; que ces ouvriers, que ces pauvres, que ces misérables ne peuplent pas seulement le ciel, monsieur Laudet, qu’ils encombrent littéralement le ciel ; qu’on ne voit qu’eux, dans le ciel ; qu’il n’y en a que pour eux ; que le ciel est plein de ces petites gens ; qu’on voit dans le ciel infiniment plus de ces petites gens que de directeurs de revue.

De ces petites gens qui n’ont pas une vie publique ; qui par conséquent ne nous appartiennent pas.

Que Jésus, monsieur Laudet, est essentiellement le Dieu des pauvres, des misérables, des ouvriers, par conséquent de ceux qui n’ont pas une vie publique.

Le ciel est un ciel de petites gens.

§ 104. — Que de même que tout atelier chrétien est une image de l’atelier de Nazareth de même toute famille chrétienne est une image de la famille de Nazareth ; que de même que tout ouvrier chrétien travaille comme Jésus de même tout père chrétien, toute mère chrétienne, aime, instruit, nourrit, élève ses enfants comme Joseph et Marie aimaient, instruisaient, nourrissaient, élevaient Jésus, tout fils chrétien aime, honore, nourrit ses parents comme Jésus aimait, hono-