Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/84

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inculpation, ou que cette allégation, ou que cette injure de modernisme était devenue dans un certain monde une inculpation, une allégation, une injure omnibus, une sorte de passe-partout de la délation. Il ne me restait donc plus qu’à me faire un peu délateur. D’une certaine délation. Je n’y ai point manqué. Je l’ai fait sournoisement toutefois. J’ai bien marqué que je n’inculpais M. Péguy que de mauvais modernisme. Ah si c’était du bon, n’est-ce pas, je ne dirais pas. Oui, on pourrait voir. On pourrait causer. Nous sommes bons. Nous ne demandons qu’à causer. Mais voilà, ce malheureux Péguy n’a pas de chance. Il tombe dans un modernisme, et justement c’est dans le mauvais. Comme ça se trouve. Il y a des êtres qui sont bien malheureux. Il est bien malheureux. Enfin nous l’aimons bien.

§ 149. — Monsieur Laudet, monsieur Laudet ne vous frappez pas. Qu’est-ce que c’est que du mauvais modernisme, monsieur Laudet. Il n’y en a point de bon. Et le vôtre, qui est du modernisme tout court, monsieur Laudet, est forcément et en cela même du mauvais modernisme et du modernisme mauvais. Écrire ce que vous écrivez, nier, retrancher les principes essentiels de la foi, rompre, retrancher l’ossature même et dedans crier au (mauvais) modernisme, c’est renouveler le coup classique du larron qui crie au voleur. Vous avez raison d’ailleurs. C’est un coup qui réussit toujours.

§ 150. — Vous avez tort, monsieur, je vous assure, dit M. Laudet, vous avez tort de vous fâcher. J’ai bien crié au mauvais modernisme. Je me suis bien