Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/85

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fait le délateur de ce mauvais modernisme. Mais je l’ai fait avec tant de réticence ; avec tant de sournoiserie ; retirant d’une main ce que j’avançais de l’autre. En vérité j’y fus contraint. Plaignez-moi plutôt. C’était bien pour le bien de ce Péguy. J’ai tant de dévouement. J’en étais tout chagrin. Je l’ai dit, et l’on peut m’en croire, sur un ton de dignité offensée qui n’a trompé personne, sur ce ton de commisération prude qui donne un avis au pécheur, sur ce ton de hauteur importante, de détachement, d’éloignement, de ne pas y mettre les doigts, sur ce ton de sévérité qui se plaint elle-même d’être si forcée d’être sévère : … « enfin, d’un mot qu’il ne me plaît guère d’employer, du mauvais modernisme. » Ce pauvre enfant, qui ne savait pas, qui n’avait pas l’habitude d’employer ce mot, voilà qu’on l’a forcé à l’employer. C’est encore ce Péguy qui l’a forcé.

§ 151. — Il souffre. Continuons l’inventaire de ce souffrant. Dans une note M. Laudet veut qu’il doive y avoir un Mystère de la foi. M. Laudet abuse. On ne lui demandait pas de la collaboration. Qu’il laisse donc les mystères de M. Péguy s’organiser comme ils voudront. Si M. Laudet savait un peu lire, s’il avait su seulement un peu voir, s’il avait compris si peu que ce fût non pas seulement au mystère de la charité mais à ce dur et tendre quatorzième siècle, et quinzième, mais à cette dure et tendre chrétienté et à toute chrétienté il saurait qu’il n’y a qu’un mystère que nous sommes sûrs qu’il ne puisse pas y avoir, et que c’est, comme par hasard, un mystère de la foi. La question de la foi, de croire ou de ne pas croire, non seulement ne se posait évidemment pas pour une sainte comme Jeanne d’Arc,