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ii
Préface

Pour la forme et pour l’art, de deux choses, l’une : Ou il s’effeuille misérablement en œuvres courtes, sans haleine et sans portée, auxquelles l’idéal manque autant que la moralité, ou il s’allonge, plus misérablement encore, en des aventures imbéciles. Ajoutez à cela dans les très rares où l’on distingue quelque talent, tous les morcellements et toutes les pulvérisations de l’analyse, car l’Analyse est le mal intellectuel d’un siècle sans cohésion et sans unité, et dont les œuvres littéraires portent, même sans le savoir, la marque d’un matérialisme qui est toute sa philosophie… On le comprend, du reste. L’Analyse, cette faculté de myope qui regarde de près et ne voit les choses que par les côtés personnels et imperceptibles, se trouve beaucoup plus exactement et naturellement en rapport avec la masse des esprits faibles dont la prétention est d’être fins, ne la vigoureuse et large Synthèse qui voit les ensembles d’un regard et les étreint quelquefois avec la poigne du génie. Il ne faut pas s’y tromper. Le temps n’est pas à la Synthèse ! Présentement Les ramasseurs de microbes et les cardeurs de riens l’emporteraient en littérature sur les plus mâles créateurs, s’il y en avait ! Je sais bien qu’on ne peut pas supprimer absolument la Synthèse dans l’esprit humain sans tuer l’esprit humain lui-même, mais dans la vaste décomposition qui s’avance sur nous, on peut très bien prévoir le moment où l’Analyse