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iii
Préface

qui dissout tout, dans les livres comme dans les sociétés, dissoudra aussi le roman dont la Synthèse serait la beauté ; le roman, c’est-à-dire la seule grande chose littéraire qui nous reste, l’Épopée des sociétés qui croulent de civilisation et de vieillesse, et le dernier poème qui soit possible aux peuples exténués de poésie !

Eh bien ! c’est ce genre de roman dont si peu d’esprits sont capables dans l’amollissement et l’affadissement universels, c’est ce genre de Roman qui fit de Balzac le plus grand romancier de tous les temps et de tous les pays, qu’un jeune homme inconnu encore — du moins dans le roman — ose, après Balzac, aborder aujourd’hui ! Tête synthétique comme Balzac, M. Joséphin Péladan n’a pas été terrorisé par cet effrayant chef-d’œuvre, le sublime diptyque à pans coupés que Balzac appela « la Comédie humaine », et il a écrit le Vice suprême, qui n’est d’ailleurs qu’un coin de l’immense fresque qu’il va continuer de nous peindre.

Balzac, dans sa grande « Comédie humaine », sur laquelle il mourut, hélas ! sans l’achever, avait donné l’éblouissante synthèse de la société de son temps, éblouissante encore. Mais après Balzac, quelques années de la plus foudroyante décadence pour la rapidité, ont élargi sa colossale synthèse, et c’est cette colossale synthèse élargie que M. Joséphin Péladan a entrepris de nous donner à son