Page:Pelland - Biographie, discours, conferences, etc. de l'Hon. Honoré Mercier, 1890.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’ai dit que le Conseil était inutile ; je n’ai pas l’intention de traiter cette question au long. On a écrit pour et contre, et le public est assez éclairé sur ce sujet pour qu’il me soit permis de ne pas entrer dans de nouvelles dissertations. Je n’irai pas dans les pays étrangers pour trouver des exemples en faveur de mon opinion. Il suffira de jeter un coup d’œil sur l’organisation politique de quelques-unes des provinces de la confédération pour nous convaincre de la justesse de ma manière de voir, et pour nous mettre en état de juger avec discernement.

La province d’Ontario n’a pas de Conseil Législatif, et, cependant, on ne saurait affirmer qu’elle se porte plus mal pour cela. Dans la province du Manitoba, on a cru devoir abolir le Conseil Législatif, sans causer de préjudice à la bonne législation de ce pays.

Dans la province de la Nouvelle-Ecosse, la chambre des députés a adopté une adresse à Sa Majesté, demandant l’abolition du Conseil Législatif de cette province.

Voilà donc trois provinces où on est convaincu de l’inutilité d’une chambre haute. Dans l’une de ces provinces, il n’y a pas eu de Conseil Législatif, dans la seconde on l’a aboli, et dans la troisième on en demande l’abolition.

Mais on dit que la province de Québec n’est pas dans la même position que les autres provinces de l’union canadienne. Avons-nous des institutions qui seraient en danger si leur sauvegarde était laissé entièrement entre les mains du peuple. Depuis près de treize ans que le peuple se gouverne au moyen de ses institutions provinciales, il n’y a pas eu un seul cas où les principes qui doivent guider une nation dans la voie de la perfection et du progrès, aient été mis en danger. Je n’hésite pas à dire qu’il en sera de même quand le Conseil sera aboli. Notre population est dévouée aux institutions dont la province a été dotée et qui ont reçu son approbation.

Les peuples marchent lentement, mais sûrement, dans la voie du progrès ; et ce mouvement s’impose aux esprits supérieurs et aux amis dévoués du pays. Il ne faut jamais reculer devant un progrès. Sans doute, il ne faut pas faire main basse sur nos institutions, mais il ne faut pas avoir peur d’y toucher quand l’une-