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les insurgés M. Cernuschi, coupable d’avoir donné 200,000 francs au comité antiplébiscitaire.

Telle est la première explication du massacre. Il était commandé par des généraux qui croyaient en quelque sorte recommencer le 2 décembre, qui prenaient leur revanche du siège, qui saisissaient une occasion attendue depuis longtemps, et qui vengeaient l’empire tombé autant que le gouvernement légal réfugié à Versailles.


II

La seconde cause de massacre, c’est que, depuis le début d’avril, on avait soigneusement, patiemment dressé l’armée à être implacable.

Songez à la situation du pouvoir légal à partir du 19 mars. Il avait pour unique ressource les troupes précipitamment ramenées à Versailles. C’étaient celles qui avaient fraternisé avec le peuple le 18 mars. De leurs rangs étaient sortis les soldats qui eurent la part principale dans la fusillade des généraux Clément Thomas et Lecomte. Elles n’avaient pas changé de sentiment pour s’être laissé emmener de Paris. Écoutez ce que dit de leur retraite sur Versailles, M. Marseille, de la préfecture de police (Enquête parlementaire sur le 18 mars) :

« Sur la route, les soldats étaient si mal disposés qu’ils insultaient les gardiens de la paix et les gendarmes qui marchaient à côté d’eux, et qu’on ne pouvait leur faire exécuter un ordre. »

Eh bien ! il fallait faire de cette armée (tout acquise au mouvement parisien), l’armée qui noierait la Com-