de liste. « Je ne sais pas, ajouta-t-il, comment on fera pour les héritages. » Sur quoi mademoiselle B*** indignée : « Monsieur, ce n’est pas ce qui nous inquiète. » Un autre officier, assis sur une chaise, demande des renseignements : puis comme on lui disait que Émile B*** était le cœur le plus honnête. « Pourquoi en était-il alors ? »
Quelles heures, que ces heures d’angoisses stériles passées à aller de l’un à l’autre, au milieu des exécuteurs, parmi les réponses indifférentes ou irritées, dont chacune était un coup de poignard !
Il fallut rentrer sans rien savoir. C’était le matin. Dans la journée, l’ami qui avait accompagné mademoiselle B*** retourna seul à la caserne Lobau. À la porte, un soldat lui dit : « Nous avons fusillé quarante prisonniers au petit jour, et dix-huit ce matin. » Et c’était le lundi ! La bataille était finie dans Paris depuis plus de vingt-quatre heures ! Le soldat engagea le questionneur à revenir le lendemain, mardi 30 mai. Cette fois, il était aisé d’entrer dans la cour de la caserne ; on n’exécutait plus ; le tribunal avait terminé sa besogne ; des soldats, les pantalons retroussés, épongeaient la cour dans une mare de sang.
Faut-il raconter maintenant les voyages à Versailles et à Satory, et comment partout on se heurtait à des portes closes ; et comment on était renvoyé de la gendarmerie à la préfecture, de la préfecture à la prévôté, de la prévôté aux prisons, et, comment, enfin, au camp de Satory, madame C*** put assister à l’appel des prisonniers et se convaincre que son frère n’était pas là ?
Comptez maintenant combien de mères, de sœurs, de femmes, ont fait cet atroce voyage, le cœur serré et les yeux gros de larmes, au milieu de soldats et d’officiers importunés de leurs questions, et s’il pouvait y