avoir des degrés dans de telles douleurs, songez aux malheureuses dont la situation sociale n’inspirait pas le même respect, aux pauvres femmes qui venaient à pied et qu’on renvoyait en les rudoyant !
Il restait, hélas ! bien peu d’espoir à la famille B***. Elle fit agir ses relations, se fit adresser par un capitaine de gendarmerie au prévôt installé alors au palais Bourbon, interrogea le ministère de la guerre, l’hôpital des Quinze-Vingts, et reçut ainsi une série de lettres officielles tristement curieuses, et dont je trouve le texte dans le récit de madame C***. J y vois combien étrangement l’autorité militaire ignorait ses victimes, combien surtout elle voulait les ignorer, et ses échappatoires, et la façon dont elle retirait le renseignement à moitié donné.
C’est d’abord le prévôt, M. L***, qui, sur la demande de l’ami commun, écrit : « … Toutes les recherches faites à cet effet (pour retrouver Émile B***) ont été infructueuses. Mais, d’après les renseignements fournis par la prévôté du Châtelet, tout porte à croire que M. B*** (Émile) aurait été fusillé ; mais sans pouvoir le certifier (sic). Je regrette bien sincèrement, etc. »
L’autorité militaire était aussi empêchée de retrouver ses cadavres, en mai 1871, que ses vivres et ses munitions en juillet 1870.
Notons, dans cette lettre, les mots : « la prévôté du Châtelet ». Pour l’autorité militaire, ce singulier tribunal était donc une prévôté parfaitement régulière. Elle en connaissait les officiers : elle leur demandait officiellement des renseignements.
Un ami, professeur dans un lycée de Paris, alla voir le prévôt L*** et finit par en obtenir le nom de l’officier qui présidait la cour martiale, dans la nuit du 28 au 29. L’ami avait dû bien affirmer qu’on ne voulait ni