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Si l’on pouvait conserver un doute sur ces exécutions, il serait levé par le passage suivant de la déposition du colonel Lambert, depuis général, devant la commission d’enquête du 18 mars :

« M. Vacherot. — Vous avez vu fusiller des prisonniers ?

» M. le colonel Lambert. — Oui ; moi-même j’en ai laissé fusiller deux qui excitaient encore les soldats à ne pas faire leur devoir, au moment où nous arrivions sur eux à la redoute de Châtillon.

» M. le vicomte de Meaux. — Sur les 1,500 hommes (les prisonniers faits à Châtillon au début d’avril), combien ont été fusillés ?

» M. le colonel Lambert. — Je ne pourrais pas vous le dire, mais bien peu.

» M. le marquis de Quinsonas. — Oh ! très peu !

» M. Vacherot. — On dit que Duval avait commandé le feu contre nos deux généraux[1].

» M. le colonel Lambert. — Quand la troupe de Duval a été prise, le général Vinoy a demandé : « Y a-t-il un chef ? » Il est sorti des rangs un homme qui, a dit : « Je suis Duval. » Le général a dit : « Faites-le fusiller. » Il est mort bravement. Il a dit : « Fusillez-moi ! »

» Un autre homme est venu, disant : « Je suis le chef d’état-major de Duval. » Il a été fusillé, trois en tout, à cette place. »

Les révolutions les plus impitoyables paraissent encore plus cruelles qu’elles ne le sont en effet. C’est que leurs colères font beaucoup de tapage avant d’agir. Les réactions frappent des coups silencieux. M. Thiers nie hardiment ces exécutions connues de tous. Sur la demande de la Commune, l’archevêque prisonnier écrivit

  1. On ne l’a jamais dit, et le contraire est certain.