Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

une lettre au chef du pouvoir exécutif. M. Thiers répondit (Versailles, 14 avril) :

« Jamais nos soldats n’ont fusillé les prisonniers ni cherché à achever les blessés… Que dans la chaleur du combat ils aient usé de leurs armes contre des hommes qui assassinent leurs généraux et ne craignent pas de faire succéder les horreurs de la guerre civile aux horreurs de la guerre étrangère, c’est possible ; mais le combat terminé, ils rentrent dans la générosité du caractère national… Je repousse donc, monseigneur, les calomnies qu’on vous a fait entendre. J’atteste que jamais nos soldats n’ont fusillé les prisonniers, que toutes les victimes de cette affreuse guerre civile ont succombé dans la chaleur du combat. »

Et M. Vinoy, l’auteur de l’exécution de Duval, la raconte en ces termes dans son livre ;

« Leur chef, le nommé Duval, est mort pendant l’affaire. »

Ainsi, le gouvernement régulier niait et faisait faire des exécutions sommaires de certains prisonniers. Pour lui répondre, la Commune vota le décret barbare des otages. On peut le résumer ainsi : « À fusillade, fusillade et demie. » Cette mesure eut pour effet d’interrompre les exécutions. Jusqu’au 21 mai, des deux côtés, le sang ne coula plus que dans les combats. Mais sitôt qu’on fut entré dans Paris, on reprit les exécutions ajournées depuis un mois et demi. Il n’est pas douteux que le gouvernement ne les ait ordonnées et permises.

L’ordre était donné de fusiller tous ceux qu’on prendrait les armes à la main. M. de Mac-Mahon l’avoue implicitement dans sa déposition de l’enquête, en disant : « Quand les hommes rendent leurs armes, on ne doit pas les fusiller. Cela a été admis. » D’où il suit qu’on devait les fusiller dans le cas contraire. Le capitaine Garcin dit