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les exécutions sommaires rentrèrent dans le système du gouvernement.

Un fait qui m’est raconté, ce me semble, de bonne source, confirmerait l’existence d’instructions du gouvernement ordonnant une tuerie impitoyable.

Au moment de l’entrée des troupes, un général aurait été demander des instructions à un chef de corps : le chef de corps aurait répondu par l’ordre des fusillades qui se produisirent, en effet, aussitôt. Le général surpris, aurait demandé un ordre écrit. — Pourquoi donc ? demanda le chef de corps. Ma parole ne vous suffit-elle pas ? — Si, mais en cas de mort… — Je verrai.

Un peu après, le général, repassant devant son chef, lui demandait ses instructions définitives.

— Faites ce que vous voudrez, répondit brusquement celui-ci.


III

Il est inexact d’imputer particulièrement à l’armée la fureur qui couvrit Paris de sang. Cette fureur, l’armée ne fit qu’en subir la contagion. On n’a rien négligé, dans un but facile à deviner, pour faire de la question des massacres une question toute militaire ; cette opinion est tout à fait fausse. Les soldats tirèrent, mais les passions répandues dans la population accidentelle de Versailles avaient chargé les fusils.

Des troupes, les unes sortaient de Paris, il fallut en changer l’esprit du tout au tout ; les autres arrivaient ou de province ou d’Allemagne, surprises et mécontentes d’avoir encore à se battre : il fallut leur inoculer la