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Il y avait au chemin de fer de P.-L.-M. deux employés dont les opinions étaient connues, et elles étaient désagréables à certains de leurs chefs. C’étaient MM. Chardeau et Degarennes. Ils n’avaient pris, d’ailleurs, aucune part à la Commune, de quelque façon que ce fût : ils étaient restés au chemin de fer.

Ils étaient dans leur bureau (bureau de la Rapée), à leur table, au moment où l’armée entra. C’est là qu’ils furent pris… sur quelle dénonciation ?… On les conduisit au mur qui longe le boulevard de Bercy, et là, ils furent exécutés dans l’intérieur même de la gare. M. Degarennes a laissé une femme avec quatre enfants.

Le frère de notre collaborateur se mettait à table, à l’hôtel où il logeait, boulevard de Reuilly (des officiers de ligne y entraient en même temps), quand deux caporaux amènent un homme. « Capitaine, cet homme vient de dire que parmi les sept derniers qu’on a fusillés, il y avait des innocents. »

L’auteur de ce propos criminel était exécuté quelques minutes après.

Maintenant, voici ce qu’on voyait de la fenêtre du no 52 de l’avenue Daumesnil.

La scène se passait le lendemain du jour où le quartier avait été pris, c’est-à-dire le samedi. La bataille s’était éloignée. Les troupes qui étaient là ne luttaient pas.

On sait que le chemin de fer de Vincennes traverse le quartier sur un large viaduc ; chacune des arcades est fermée de portes. Des sous-officiers se tenaient sur le boulevard, examinaient les passants, en arrêtaient un de temps à autre sur la mine ! Je tiens ce fait de la bouche même d’un témoin digne de toute confiance, et qui a observé longuement leur manège de sa fenêtre.