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voulu m’accompagner sur les lieux. Tous les voisins ont gardé une impression profonde du 24 mai 1871. On a cherché à expliquer, cet acte de sauvagerie ; on a dit que l’officier aurait été le fils légitime du père de Marie Lebel ; et qu’il y avait sous le meurtre une haine privée, une haine de famille. Il est difficile de savoir ce qu’il en est : mais sur le fait même, aucun doute n’est malheureusement possible.

Passons de l’autre côté de l’eau.

Un corps de troupes descendant par le boulevard Haussmann, la rue Malesherbes, la rue Tronchet, prend les insurgés à revers et les chasse vers la Madeleine, Ceux-ci se jettent dans l’église et s’y retranchent : marins et soldats s’y précipitent à leur suite. Ici, je laisse la parole au journal le Soir (no du 26 mai).

« Irrités du désastre dont les malheureux qui luttaient avec eux étaient la cause, et de la mort d’un certain nombre d’entre eux, les soldats ne s’arrêtèrent que lorsque tous furent tués, la plupart à coups de baïonnette. Pas un insurgé ne sortit vivant de l’église de la Madeleine. Nous ne pouvons pas préciser le nombre des morts : mais il y en a eu, assure-t-on, plusieurs centaines. »

M. l’abbé Vidieu, vicaire de Saint-Roch, qui a écrit une histoire de la Commune, confirme le fait et précise le chiffre. L’abbé a pu connaître la vérité par le clergé de la Madeleine : voici ce qu’il dit :

« Les soldats de Versailles étaient souvent sans pitié pour les insurgés pris les armes à la main : ils en fusillèrent trois cents qui s’étaient réfugiés dans la Madeleine » (Histoire de la Commune, p. 462).

Aux magasins du Printemps, d’après le Soir, les choses se passèrent à peu près de même :