des mêmes bataillons, dont ceux de Montmartre. Ils étaient épuisés quand les Versaillais entrèrent. La surprise, le découragement, l’entraînement de la défaite firent le reste.
La plupart avaient abandonné la partie quelques heures avant que Montmartre fût occupé. J’ai eu sous les yeux plusieurs relations inédites faites par des témoins oculaires : elles s’accordent toutes sur ce point.
« J’arrivais à la légion à sept heures du matin (le mardi), dit l’un ; elle était déserte ; il n’y avait que les plantons, les officiers étaient restés chez eux… » Ni La Cécilia, ni plusieurs membres de la Commune, qui essayèrent d’organiser la défense, ne purent arriver à y mettre un peu d’ordre ; la trahison avait rendu inutiles les canons de la butte ; les combattants de bonne volonté construisaient des barricades à l’endroit où ils se trouvaient, et luttaient sans s’occuper de ce qui se passait derrière eux. À défaut d’hommes, les femmes prirent le chassepot. Il y eut à Montmartre (et, je crois, à Montmartre seulement) des barricades défendues exclusivement par elles.
L’armée fut mise en mouvement dès le petit jour. Les Prussiens lui avaient cédé la zone neutre, sous les fortifications : elle fut occupée par la division Montaudon. Les corps Clinchant et Ladmirault attaquèrent de tous les côtés de la butte à la fois. Les petites rues en pente raide qui sont au nord, comme la rue du Mont-Cenis, la rue du Poteau, la rue des Saules, n’étaient même pas défendues par des barricades. C’est à peine si l’armée y rencontra quelques tirailleurs s’abritant dans des coins de murs. Vers midi, suivant M. Vinoy, les troupes régulières arrivaient au sommet de la butte. À une heure moins le quart, le drapeau tricolore y flottait. Toutes les barricades qui tenaient encore étaient prises à revers.