Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/179

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avons les mêmes passions que nos pères ! Quoi ! les perturbations de sexe universelles dans la Grèce ; quoi ! ces nuits sans nom de Babylone, derrière les murs du temple de Milyta ; quoi ! ces bayadères de l’Inde, jetées pêle-mêle sur le fumier de fleurs de Siva ; quoi ! ces fêtes dans le sang de la Rome impériale, à en faire dresser les cheveux sur la tête ; quoi ! toutes ces orgies, toutes ces débauches, toutes ces prostitutions de l’âme et du corps, toutes ces canonisations du lingam : étaïres, bacchantes, prêtresses, lesbiennes, institutions du vice, non pas cachées, remarquez-le bien, non pas flétries, mais publiques, mais consacrées par la loi et par la religion, mais écrites en caractères obscènes sur tous les murs de la maison et jusque sur les joyaux de la jeune fille, nous les aurions encore, là, devant nous, autour de nous, comme au temps de la bonne Déesse et du banquet de Platon ? Soit, puisque nos organes le veulent ainsi ; mais nous les avons refoulées du moins dans la honte comme des filles des ténèbres. Elles se cachent ; elles ont perdu leur place dans le code et dans le temple ; que dis-je ? le temple les revomit avec horreur, et la loi les marque au fer rouge.

Ai-je bien lu d’ailleurs, ou le trouble de mon rêve a-t-il passé dans mon regard, quand je vois sous votre nom une théorie d’oscillation perpétuelle entre la chair et la raison, entre le mal et le bien, de sorte que, depuis l’origine de l’humanité, le balancier va et vient perpétuellement, frappant perpétuellement le même