Aller au contenu

Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

considération, nous tordant à vivre en participation avec notre semblable et sous son regard, à lui donner ou à prendre de lui le bon exemple, à le maintenir ou à nous maintenir par lui dans le droit chemin. La considération est donc aujourd’hui, grâce au pouvoir que la publicité exerce partout, une conscience extérieure qui assiste chaque conscience individuelle dans l’œuvre laborieuse de la vertu et de la vérité, cette autre vertu de l’intelligence ; et il faut bien qu’il en soit ainsi, pour que celui même qui semble le moins aspirer par sa conduite à l’estime publique en recherche du moins l’apparence, et paye sa dette à l’opinion avec la fausse monnaie de l’hypocrisie.

L’humanité a donc conquis dans le développement de l’idée une force de plus pour combattre ce que vous appelez la matière ; c’est par cette raison, et uniquement par cette raison, que le siècle pensant regarde l’instruction publique comme la première condition de toute moralité. La logique le dit, et, en fait, l’histoire le dit encore plus haut. Nous avons les mêmes passions que nos pères, dites-vous ; mais alors qu’est-ce donc que le Christ est venu faire dans le monde au jour sublime du sermon sur la montagne ? et pourquoi vous et moi, vous surtout, récitons-nous un hymne perpétue ! à la gloire de l’Évangile, si l’Évangile n’a exercé aucune action sur l’humanité, en renouvelant l’homme intérieur, en le replaçant en face de Dieu ? Quand nous disons vertu chrétienne, nous parlons donc aussi la langue d’une illusion ? Nous