riture d’un autre homme plongé dans l’oisiveté de la pensée, cet autre homme méditait et tirait de sa méditation le mécanisme du moulin. Et le vent ou le courant prenait, comme moteur, la place de l’esclave. Ainsi le penseur, racheté du travail manuel par l’esclavage, rachetait à son tour l’esclave par la pensée.
À ce moment-là toutefois, la somme de travail capitalisée sur le sol et la somme de force mécanique empruntée à la nature étaient encore l’une et l’autre trop restreintes pour décharger complétement la classe manœuvre de la nécessité du travail forcé. Le servage releva l’esclavage de faction. Nouveau progrès. Car le serf, un pied dans la servitude, un pied dans la liberté, possède une partie de son œuvre et une partie de sa personne. Il a droit à la propriété moyennant redevance. Cette propriété conditionnelle suffit à son émancipation. Il peut acquérir la richesse pour son propre compte et, avec la richesse, payer sa rançon.
L’heure de la bourgeoisie sonne à ce moment, le servage disparaît. Mais, comme la quantité de richesse produite et de force mécanique appelée au secours de l’humanité ne sauraient encore représenter en masse une quantité de loisir assez grande pour assurer à chacun le développement de l’intelligence, le prolétariat a relayé le servage sur la route de la civilisation. Ce fut un mieux, vous le reconnaissez, nous aurions mauvaise grâce à insister. Le mieux continuera, vous verrez. J’en prends à témoin le grand cri jeté par le dix-neuvième siècle.