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Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/221

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globe n’est partout qu’un ossuaire de civilisations ensevelies. L’histoire, qui est le registre de naissance et de mort de ces civilisations, nous les montre partout naissant, croissant, dépérissant, mourant avec les dieux, les cultes, les lois, les mœurs, les langues, les empires qu’elles ont fondés pour un moment ici ou là dans leur passage sur le globe. Pas une, pas une seule n’a échappé jusqu’ici à cette vicissitude organique de l’humanité. »

Toutes les civilisations sont mortes, dites-vous. Le fait est vrai, j’en conviens. Mais la civilisation elle-même a survécu, et elle a survécu précisément parce qu’elle était la raison commune de toutes les métamorphoses de l’histoire.

L’Inde sans doute a tenu la place d’honneur à l’origine ; de l’Inde la suprématie a passé à l’Égypte, de l’Égypte à la Phénicie, de la Phénicie à la Grèce, de la Grèce à l’Italie, et de l’Italie au reste de l’Europe. Toutefois dans toutes ces migrations du flambeau de la perfectibilité d’une main à l’autre, l’humanité a-t-elle perdu en route le blé, la charrue, la forge, la truelle, la hache, la scie, la navette, la lampe, la vigne, l’amphore, le mouton, le bœuf, l’âne, le cheval, le navire, le char, le moulin, la grue, la vis d’Archimède, la monnaie, l’écriture, la science, l’horloge, l’arithmétique, la géométrie, l’astronomie, toute la richesse acquise en un mot, et toute la force motrice du progrès ?

Si chaque civilisation effectivement, en disparaissant