Page:Pelletan - Le Monde marche.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que la croyance au progrès était une chimère, et j’ai cherché à vous montrer que, fût-elle même une vision du dix-neuvième siècle, elle méritait mieux de votre sympathie.

Mais cette croyance est-elle véritablement une chimère, comme vous l’affirmez ; une bulle d’air évanouie au premier souffle de la réalité ?

Quand un homme comme vous, le premier entre les premiers, désavoue une de nos croyances, nous en éprouvons un trouble jusque dans la plus profonde racine de notre conviction. À la lecture de votre désaveu, nous devions donc nous replier sur nous-même, nous interroger de nouveau en silence, pour examiner à loisir si nous ne nous étions pas trompé dans le choix de notre symbole. Nous l’avons fait. Nous sommes sorti de cet examen de conscience plus confiant que jamais à la grande loi de l’humanité, et rebondissant sur nous-même au choc de la contradiction, nous avons répété le cri de l’apôtre du mouvement : E pur si muove. Oui, le progrès est toujours le progrès ! Oui, le progrès est l’âme du monde ! Oui, la France et vous, et nous et tous tant que nous sommes, nous n’avons le pied sur cette terre que pour accomplir le progrès, chacun dans notre mesure, et si par hasard nous trébuchons une minute avec nos idées, dans le piège des événements, nous n’avons de chance de nous relever que par le progrès.