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duisent quand même, esclaves aveugles de l’instinct. Mais l’espèce humaine, très supérieure à toutes les espèces animales, fait dans la loi naturelle le départ de l’agréable et du pénible, et elle porte son effort à esquiver la peine, pour ne retenir que l’agréable.

Chez les peuples civilisés, le développement de la sexualité est hors de proportion avec les nécessités de la reproduction. Dans le mariage, bien que la descendance entre en ligne de compte, l’acte sexuel est accompli infiniment plus souvent qu’il n’est nécessaire pour procréer, même une famille nombreuse. On le considère comme un besoin devant être périodiquement satisfait, à l’égal des besoins de nourriture et de sommeil. Alors que chez les espèces animales le besoin sexuel n’apparaît qu’à certaines époques de l’année, il est devenu constant chez l’homme.

Loin d’être restreint au mariage, l’amour le dépasse beaucoup ; de la puberté à la vieillesse, l’homme s’y adonne largement, en dehors de tout lien conjugal, et de cette libre carrière donnée à la sexualité, le souci de reproduire est complètement banni. Lorsque l’enfant survient, c’est par accident, un accident que l’on déplore.

Tant que la femme est considérée comme un être inférieur, on peut dire que l’amour est ré-