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servé au sexe masculin. La femme n’est que l’instrument dont l’homme se sert pour jouir ; il la consomme comme un fruit. Par le mariage, et surtout par la maternité, la situation morale de la femme se relève ; en même temps qu’un objet, elle est aussi un peu une compagne intellectuelle et morale ; son rôle de maîtresse de maison, d’éducatrice des enfants, fait oublier son rôle sexuel. Mais hors mariage, le ménage et la maternité n’étant plus, la femme redevient l’instrument des passions animales. Selon le milieu social, on l’achète cher ou bon marché, on peut même se ruiner pour elle, mais toujours on la méprise ; elles est le vice que souvent l’on peut porter au pinacle, que l’on couvre de fleurs, mais qui reste quand même le vice.

La femme ne fait pas cependant qu’être désirée ; elle désire ; l’instinct sexuel parle aussi en elle ; mais la société ne lui donne aucun droit de se faire valoir. Son besoin d’aimer, la femme ne peut le satisfaire qu’en se mettant en tutelle matrimoniale, à moins qu’elle ne préfère se vendre ; alors, à la tutelle s’ajoute l’abjection.

Lorsque la femme commence à réfléchir sur sa condition, et lorsque grâce aux carrières qui s’ouvrent devant elle, elle trouve la possibilité d’assurer son existence sans le secours de sa