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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/103

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en russie communiste

du fait d’un régime qu’on s’est évertué à défendre et une phrase de Lénine me hante : on a fusillé des camarades !

« Mais non, mais non, vos craintes ne sont nullement justifiées, me dit un fonctionnaire que j’ai rencontré par hasard. Évidemment, nous sommes sous le régime de la terreur ; la W. Tchéka est une réalité, il faut se défendre : le pays est plein de contre-révolutionnaires. Si on se laisse aller à la clémence, les menchévistes et les anarchistes s’uniront pour nous renverser ; c’en sera fait de notre œuvre, sans parler du massacre effroyable qui ne manquerait pas d’avoir lieu. Mais il ne faut tout de même pas nous prendre pour des sauvages ; la W. Tchéka, elle n’est pas pour vous ! »

Je dors mieux cette nuit là dans la chambre 331 de l’hôtel « Luxe ».

L’horaire de Moscou diffère beaucoup du nôtre. Vous seriez très indiscret en allant visiter avant onze heures du matin une personne avec qui vous n’êtes pas intime. En revanche vous pouvez sans crainte l’aller voir une heure après minuit ; c’est une heure normale, on ne se couche guère avant trois heures. En réalité, lorsque les Russes sont couchés, nous le sommes aussi. À mesure que j’avançais dans l’Est, je devais retarder ma montre, car lorsqu’il est onze heures à Moscou, il n’est que huit heures à Paris. Mais sans jeu de mots, on peut dire que seul le soleil est le maître