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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/120

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mon voyage aventureux

— Avez-vous demandé votre passeport ?

— Non, mais je le demande, plus tôt vous me le donnerez, plus vous me ferez plaisir.

Les deux hommes s’en vont, je suis bouleversée. Quelle sottise et quelle grossièreté : de telles gens feraient de moi une réactionnaire. S’ils croient que j’ai tait trois mille kilomètres pour me faire entretenir dans les conditions que j’ai dites !

Je vais conter aux Français l’avanie que je viens de subir ; ce sont des anarchistes, ils triomphent.

Tout est comme cela ici ; ce que l’un fait, l’autre arrive derrière pour le défaire. La voilà la dictature du prolétariat que vous approuvez, vous en sentez les effets : soyez contente.

Je ne suis pas contente, mais je ne deviens pas anarchiste pour cela. Le mal ne vient pas du régime, il vient des hommes dont le mauvais naturel rendrait haïssables les meilleures institutions.

Je ne suis pas tranquille, j’ai peur d’être à nouveau reléguée au cinquième et d’avoir à dire adieu au beau rêve d’aller visiter en auto les institutions soviétiques.

— Ne vous en faites pas, me dit un employé de l’hôteL si ce camarade vous a dit tout cela, c’est « pour vous épater ».

Je ne suis pas épatée et ne vois aucune utilité