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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/121

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en russie communiste

pour la Russie à ce que je le sois. Je suis profondément attristée, voilà tout.

L’enquête des deux hommes ne me visait pas particulièrement, ils l’ont faite chez tous les pensionnaires. Si on a été grossier avec moi, c’est que quelqu’un m’en veut, à moins qu’on n’en veuille à Souvarine qui s’est occupé d’améliorer mon sort.

Ô Paris, mon Paris. Tout est loin d’y être rose, je ne le sais que trop, mais, tout de même, mon terme payé, ma porte fermée, je n’ai de compte à rendre à personne.

On ne voulait pas que m’épater. Quelqu’un, je ne sais qui, m’est hostile ici. Depuis la visite de l’homme barbu, l’employé du 34, qui était bienveillant envers moi jusque là, me refuse tout. Il ne m’a pas donné de billet pour une réunion où devait parler Trotsky, sous le prétexte que je ne sais pas le russe et que je n’ai nul besoin de voir Trotsky, qui n’est « qu’un homme comme un autre ».

On a jugé, paraît-il, mon cas au Komintern (Comité International), et on a conclu « très favorable ». On me donne des autos pour les longues courses et quelques portes s’ouvrent devant moi. Mais je sens l’hostilité sourde des gens qui ont fait de la propagande des choses de Russie leur propriété personnelle. Tout ce qui n’est pas de leur coterie est considéré comme intrus. On s’arrange pour que je reste inconnue à Moscou. Des femmes russes m’ont demandé de parler dans une de leurs