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en russie communiste

couple semblait foudroyer de son dédain le reste de l’univers.

Les bâtiments soviétiques sont bondés à craquer d’employés de toute espèce. La plupart ne paraissent pas surchargés de travail. Ils lisent les journaux, discutent, boivent du thé.

Ils sont loin cependant d’être contents, du moins si j’en juge par quelques-uns avec qui j’ai pu m’entretenir parce qu’ils savaient le français : Une dactylo est furieusement antibolcheviste ; on ne la paie pas dit-elle et la nourriture qu’on sert dans les restaurants soviétiques n’est pas mangeable. Pour vivre, elle vend tout ce qu’elle possède, jusqu’aux jouets de ses enfants.

Une autre est employée au Comité Exécutif : son travail, me dit-elle, est intéressant, mais les conditions matérielles sont affreuses. Et puis elle souffre du manque de liberté, elle allait autrefois à Vichy tous les ans pour soigner son estomac, maintenant défense de quitter la Russie, tous les employés sont militarisés.

En revanche je trouve un fonctionnaire enthousiaste du régime. Je l’ai rencontré par hasard dans la rue et il m’a invitée chez lui.

Logement décent d’homme de nos classes moyennes. Rien du désordre russe ; une bibliothèque, un piano, quelques meubles de salon. Dans un coin, un haut meuble à portes vitrées. C’est me dit-il, une pièce de l’agencement d’un