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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/138

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mon voyage aventureux

magasin de nouveautés dont il a fait une armoire.

Il me raconte qu’il a dû effectuer lui-même son déménagement, l’égalité communiste ayant supprimé les déménageurs. Cela lui a causé beaucoup de fatigue car il demeure au cinquième étage.

Il a une femme, une fille et un grand fils sur lequel il fonde beaucoup d’espoirs.

On m’offre à dîner, un dîner que le plus pauvre ouvrier de Paris trouverait frugal. Quelques navets, un petit pain fait de farine de haricots, une tasse de thé sucré avec un morceau de poire cuite.

C’est dit-il, un festin, auprès de ce qu’on mangeait au début de la Révolution. Dans le dénuement général on a du se nourrir de choses horribles ; des pommes de terre gelées, des entrailles putréfiées de poulet et personne de la famille n’a été malade.

Dans cette maison on ne récrimine pas ; on souffre avec patience parce qu’on a conscience de souffrir dans un intérêt supérieur. On a la ferme croyance que la victoire est au bout.

Un ami de la maison venu prendre le thé raconte un fait très curieux des régions affamées de la Volga. Une ville était à tel point démunie de choses susceptibles d’être mangées que les rats l’avaient abandonnée brusquement. On voyait des champs entiers couverts de ces animaux qui par