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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/157

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en russie communiste

ler que d’enfants ; et encore en russe ! Je préférais aller lire dans un coin de la salle de lecture.

On m’a dit que j’ai fait presqu’une révolution, parmi les femmes de l’hôtel parce que, au cours d’un dimanche de travail dit « communiste », j’ai refusé d’aller coudre avec elles.

L’hôtel Luxe, je l’ai dit, n’est pas aimé du peuple, à tort ou à raison les ouvriers voient dans ses pensionnaires une nouvelle classe dominante, qui se substitue à la bourgeoisie. Pour calmer le ressentiment populaire on décide que, de temps en temps, les « intellectuels » de l’hôtel iront faire une journée du seul travail que les ouvriers considèrent comme tel, le travail matériel.

Donc un dimanche, dès huit heures du matin, la cloche est agitée sur tous les paliers, nous nous habillons à la hâte et descendons à la salle de lecture. Après un déjeuner sommaire, nous sortons et précédés d’un immense drapeau rouge, notre cortège s’ébranle ; des soldats commandent la marche en allemand : ein, zwei, vorwaërts (une, deux, en avant) !

Nous montons la Tverskaia, longeons le boulevard de gauche, et prenons l’Arbat jusqu’à Déenignié Péréaoulok où se trouve le Komintern (Comité international).

Là on s’approche de moi et on me dit qu’en ma qualité de (génossin) citoyenne je dois me joindre