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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/18

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mon voyage aventureux

les hôtels sont visités par la police ; vous n’avez pas de passeport, vous seriez infailliblement arrêtée. Après bien des tergiversations, l’ami de mon correspondant consent à me prêter sa chambre. On m’entraîne à l’extrémité de la ville, dans un quartier ouvrier, et je dois monter tout en haut de la maison. La chambre est une pauvre mansarde : on m’y laisse en me recommandant de ne faire aucun bruit qui puisse révéler ma présence.

Impossible d’entrer dans le lit dont on a négligé de changer les draps. Je me résigne à m’étendre tout habillée sur la couverture. Mais je ne puis dormir. J’ai déjà perdu ma confiance en ces gens qui me paraissent bizarres. Ils ont déchargé mon revolver et l’ont gardé sous prétexte que ce serait dangereux pour moi d’être trouvée porteur d’une arme au cas où je serais arrêtée.

Mais j’ai besoin d’eux ; il y a encore une frontière à traverser et je ne sais pas le chemin. Ce n’est qu’à une heure de l’après-midi, le lendemain, que l’un des hommes vient me délivrer. « Il a demandé, me dit-il, un passeport pour moi, en me faisant passer pour sa sœur. » Nous allons ensemble au bureau ; on nous dit d’attendre cinq jours.

C’est fou ; pendant les cinq jours, on fera une enquête et on verra bien que j’ai donné un faux nom. J’insiste pour passer de suite la frontière suisse-allemande. Les deux hommes — mon cor-