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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/19

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en russie communiste

respondant est revenu — n’en finissent pas de se concerter en allemand ; une partie de l’après-midi est perdue.

Enfin, j’obtiens qu’on se mette en route. Nous marchons deux heures à travers une forêt ; un homme nous croise et l’un de mes compagnons me dit : « détective ! »

Nous nous appliquons à prendre les allures de promeneurs inoffensifs. Mon correspondant retire sa jaquette et la met sur son bras ; moi, je cueille des fleurs sauvages et commence un bouquet. Nous côtoyons la frontière, que marquent des bornes de pierres grises échelonnées tous les vingt mètres ; nous la franchissons enfin, sans paraître nous en douter ; nous sommes en Allemagne. Mais nous avons manqué le train, à la petite gare où je devais le prendre, il faut aller à pied jusqu’à Lorrach.

Au bout d’une heure de marche, voilà que nous tombons devant un poste de police. On demande leurs papiers aux hommes, comme je suis une femme, on néglige de me les demander ; mais il faut retourner en Suisse.

Je suis au désespoir. Les hommes, eux, prennent la chose avec désinvolture : ils ne connaissaient pas, disent-ils, le chemin ; ils se sont trompés.

Je suis brisée de fatigue et veux aller à l’hôtel. « Impossible, affirment-ils ; tous les hôtels sont visités par la police, d’ailleurs le village est petit,