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en russie communiste

pour voir le communisme, et non seulement je ne le vois pas, mais on n’a pas même l’air de se douter qu’il y ait quelque chose de changé depuis la Révolution.

L’allaitement maternel n’est nullement aussi indispensable que le prétendent ceux qui veulent maintenir la femme dans sa servitude ancestrale. Les enfants élevés au biberon dans les classes aisées de France, se développent en excellente santé. C’est une question d’hygiène et de soins éclairés.

Je comprends cependant que la misère doit excuser bien des choses ; surtout quand ma cicerone me raconte que l’hiver précédent, beaucoup de bébés ont été trouvés gelés dans leurs berceaux.

Le lendemain, je vais voir un hôpital. Il est proprement tenu et rappelle nos hôpitaux de province. Dans une salle se trouve une Française qui est là depuis six mois pour un rhumatisme déformant. Elle donnait des leçons de français à Moscou. Toute sa famille a disparu ; son mari est mort, son fils a quitté la Russie ; elle est seule, vieille et malade. Elle nous sourit cependant, heureuse de parler français. Elle a vécu la guerre, la révolution, Kerensky, le Bolchevisme ; rien ne lui est arrivé de fâcheux. Nous la quittons en lui lui disant qu’elle va guérir, pieux mensonge ; elle est pour jamais hors d’état de gagner sa vie.

Elle ne s’est pas plainte du régime ; il n’en est pas de même du médecin qui m’accompagne et