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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/180

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mon voyage aventureux

liorée et, tout d’abord, ils ont réduit le nombre des lits, afin que les soins puissent être plus attentifs.

Mon étonnement est grand lorsqu’on me dit que les mères n’ont pas le droit de venir abandonner leur enfant et que les bébés hospitalisés ont été effectivement trouvés dans la rue.

La doctoresse de l’établissement m’explique que, si on permettait l’abandon, les mères viendraient en foule apporter leurs bébés. J’ai la tête pleine de la brochure de Mme Kollontaï sur l’élevage des enfants par l’État et je pense que le gouvernement devrait être enchanté de cet empressement des mères à lui donner leurs enfants. Je me rends compte qu’il y a très loin de la théorie communiste à la pratique. En cette matière, comme en bien d’autres, la misère générale a empêché la réalisation des programmes.

Nous parcourons les salles. Tout est peint au ripolin blanc et proprement tenu. Les contagieux les syphilitiques sont isolés dans des services spéciaux. Il y a des nourrices qui, outre leur propre enfant en allaitent un autre.

Ma conductrice me fait comparer les enfants qui ont leur mère, à ceux qui ne l’ont pas ; la différence est grande, en effet. Mais cette démonstration de l’utilité des mères pour l’élevage des nourrissons me choque au plus haut degré ; je crois entendre Pinard, un de mes maîtres, qui n’était pas précisément un homme avancé. C’est que je suis venue