Aller au contenu

Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
187
en russie communiste

Je remue ciel et terre pour qu’on me donne mon passeport ; enfin, un soir, on m’annonce que je pars le lundi suivant. Je n’ose y croire, on a remis déjà quatre ou cinq fois mon départ.

— Non, me dit le camarade, cette fois vous partez pour de bon ; la personne à qui on a promis de donner votre passe-port est de celles qu’on ne berne pas.

— Qui donc est-ce ?

— Trotsky.

— Ah !

En effet, le samedi on me remet mon passeport et le lundi matin je vais au « Komintern » toucher l’allocation pour le voyage. Dans l’antichambre, je trouve le commissaire qui m’a fait à X… des promesses qui ne se sont pas réalisées. Il commence par me reprocher mon départ ; la Russie a besoin de médecins, je dois rester. Ensuite, il trouve à redire à ma casquette d’homme : « La femme, dit-il, ne doit pas ressembler à l’homme, elle a une mission de charme », etc. Je suis atterrée. Faut-il avoir fait trois mille kilomètres pour retrouver les clichés des esprits rétrogrades de Paris. Et moi qui m’imaginais la Russie tellement avancée que j’avais peur de ne pas l’être assez.

Je répondrais bien comme il le faut à ce bolcheviste qui est si peu féministe ; mais j’ai peur de lui. C’est un commissaire, et bien que j’aie dans