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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/213

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en russie communiste

tèrent pour s’approprier les terres des grands propriétaires. Ceux qui vinrent dans les villes pillèrent les maisons bourgeoises et emportèrent dans leurs isbas jusqu’à des pianos, dont ils ne savent pas jouer. Les ouvriers organisèrent des soviets d’usine, les techniciens avaient fui et ceux qui restaient s’étaient vu enlever la direction du travail.

C’est très beau de faire la Révolution, cependant, après comme avant, il faut produire, c’est-à-dire travailler. L’instinct social ne fut pas assez fort pour remplacer l’autorité patronale, on n’aboutit qu’à un chaos effroyable. Les gouvernants durent faire machine en arrière et remplacer le communisme par le socialisme d’État.

Cela ne marcha pas mieux ; la bureaucratie, déjà nombreuse, tracassière et corrompue sous l’ancien régime, s’accrut dans des proportions inouïes. C’est elle qui est, aujourd’hui, la classe dominante.

Le ressentiment universel des paysans contre les ouvriers des villes est plus fort en Russie que partout ailleurs. Le moujik considère l’ouvrier des villes comme un paresseux qui passe sa vie dans le plaisir. Et on voulait le faire nourrir ce parasite, il s’y refusa absolument.

Il aurait fallu, continuant la société capitaliste, lui acheter ses produits ; mais on n’avait qu’un papier monnaie déprécié, dont il ne voulait pas.