Aller au contenu

Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
206
mon voyage aventureux

Si encore on n’avait pu échanger contre ses produits agricoles des objets manufacturés, mais on n’avait rien à lui donner. L’industrie, déjà ruinée par la guerre, était réduite à rien par le blocus et la désorganisation générale.

Les villes, ne pouvant pas mourir de faim, on employa la réquisition armée, qui n’alla pas sans brutalité. Les paysans résistèrent, le sang coula, amenant la haine du régime qui s’était donné pour but de les affranchir.

Et cette haine n’était pas partout injustifiée. Le bolchevisme avait ses Euloge, Schneider, tyranneaux de district, dont la conduite abominable déshonorait la Révolution[1].

Lénine décida de sévir ; on fusilla impitoyablement quelques-uns de ces fonctionnaires prévaricateurs. Malheureusement, on ne peut supprimer toutes les canailles et, en révolution, la mentalité des hommes est à tel point bouleversée qu’on semble ne pas attacher de prix à la vie ; la mort, elle-même, ne fait plus peur.

Les paysans furieux, stupidement entêtés, résolurent de ne produire que tout juste pour leurs besoins personnels. Une vague de sécheresse passa sur la région de la Volga, comme les gens n’avaient plus de réserves, il s’ensuivit une famine épouvantable qui fit des victimes par millions.

  1. Lénine. — Le bolchevisme et les paysans.