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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/215

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en russie communiste

Et le pays, harcelé à l’extérieur par les armées de l’Entente, était plein d’ennemis à l’intérieur. La contre-révolution grondait dans toutes les maisons.

Anciens bourgeois réduits à la misère, comme la dame dont nous parlons dans notre récit, techniciens, professeurs, etc., toute la classe moyenne, malmenée par l’effet d’un ouvriérisme grossier, ils considèrent la Révolution comme un vent de folie qui passe sur le pays ; ils en appellent de tous leurs vœux la fin et chacun la hâte en apportant dans sa petite sphère son concours à la désorganisation générale.

Et, ajoutez à tout cela l’âme russe, pleine de bonnes qualités, éprise d’idéal, mais plus rêveuse qu’active (Nitchevo). Que faire ?

Avant d’aller en Russie, j’avais lu de Lénine « Les problèmes du pouvoir des Soviets », il signalait en partie ces difficultés et semblait les envisager d’un cœur léger ; sans doute, voulait-il inspirer du courage aux masses.

Cette légèreté d’âme n’est probablement qu’apparente, les problèmes sont terriblement angoissants, mais que faire, que faire ?

Se déclarer vaincu, abandonner le pouvoir. Tant pis pour les paysans, pour les ouvriers qui n’ont pas voulu voir plus loin que leur petit égoïsme de bête humaine. Un monarque reviendra qui ramènera les nobles, les patrons. Le peuple reprendra