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Page:Pelletier - Mon voyage aventureux en Russie communiste, 1922.djvu/26

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mon voyage aventureux

dant est si grande qu’elle l’emporte sur la crainte, je perds conscience.

Au réveil, le jeune homme me présente mon porte-monnaie qui est tombé, dit-il, de ma poche. Heureusement il ne contient pas grand chose, la plus forte part de mon avoir est cachée dans mes sous-vêtements.

Voilà que maintenant ce jeune Suisse veut m’accompagner jusqu’à Berlin. Il insiste sur les dangers que mon ignorance de la langue allemande me fait courir. Ces dangers, je les connais, je suis déjà allée en Allemagne l’année précédente ; je sais qu’il ne sont plus à beaucoup près, aussi grands qu’à la frontière Suisse. Avec de la prudence en prenant soin de parler le moins possible, j’ai les plus grandes chances de voyager sans encombre. L’année précédente j’avais un passeport ; mais jamais on ne me l’a demandé en Allemagne. Je refroidis donc l’ardeur de mon compagnon en lui disant que j’ai peu d’argent et que j’ai déjà fait un grand sacrifice en l’emmenant jusqu’à Francfort.

À l’hôtel francfortois où nous sommes descendus mon guide me réclame pour prix de ses services mille francs suisses, soit environ deux mille quatre cent francs français. C’est plus que je ne possède, je refuse naturellement. Il parle haut, menace de me dénoncer et notre discussion attire déjà l’attention des clients, dont les têtes se tour-